La question :
Je suis un handicapé physique: bras droit atrophié de même que le pied gauche et en plus de cela,je boitille.J’ai 28 ans mais je n’ai jamais eu une relation affective avec une fille, j’ai l’impression d’être rejeté. Dans le passé j’ai fait des rencontres avec plusieurs filles après connaissance à travers des chats, mais dès qu’elles me voient pour la première fois elles ne me téléphonent plus, ne répondent plus à mes sms et quand je leur téléphone elles ne décrochent pas. Ma question est la suivante: peut-il réellement exister une vie affective entre un valide et un non valide sans que le premier ne ressente une quelconque pitié pour le second?
Cox
D. Goblet répond :
Oui, il peut réellement exister une vie affective entre une personne valide et une qui le serait moins.
Les mentalités n’évoluent pas vite, mais les jeunes générations n’auraient-elles pas une plus grande ouverture d’esprit en acceptant davantage les différences? Sans doute.
Plus on est clair dans sa tête, en ayant confiance en soi, réconcilié avec son corps tel qu’il est, plus la séduction sera aisée, plus on sera prêt à accepter son partenaire/sa partenaire tel(le) qu’il (elle) est sans faux-semblants, ni pitié, dans le respect mutuel. Il s’agira de s’apprivoiser dans l’écoute, la compréhension, dans la spontanéité, sans oublier l’humour.
Les rencontres se font souvent par hasard, quand on n’y pense pas trop. Bien entendu, il faut parfois trouver les moyens pour « provoquer » la chance de cette rencontre.
D. Woué rajoute à ce propos :
Il apparait dans votre question que vous rencontrez des filles via internet, et votre problème qui se pose lors de la rencontre physique vient peut-être de là . En effet, la rencontre virtuelle amène des dimensions particulières qui n’existent pas dans une rencontre immédiatement réelle. Dès qu’on se retrouve face à face, il y a beaucoup d’éléments non-verbaux qui interviennent, alors qu’on ne les captait pas via un ordinateur. Comme le souligne mon collègue, il faut souvent que les deux personnes se connaissent bien elles-mêmes et aient confiance en leur propre capacité à séduire pour le faire « passer » à l’autre et amener la relation vers quelque chose de plus intime.
Bien souvent, les rencontres par internet n’aboutissent pas à une relation concrète, qu’on soit porteur d’un handicap ou non.
Il y a des éléments de séduction à prendre en compte: le handicap est un facteur parmi d’autres, qui amène une problématique en plus. Néanmoins, une personne n’est pas son handicap, elle a un handicap, comme elle a une culture étendue, un sens de l’humour, un style personnel, un caractère colérique, etc…
Un bon conseil pour que la rencontre se passe au mieux est d’essayer d’être le plus honnête possible sur internet.
Je vous conseille vivement de vous procurer l’ouvrage « Amours virtuelles, conjugalité et Internet » sous la direction de Jacques Marquet et Christophe Janssen avec les contributions de Sylvie Bigot, Delphine Cochand, Catherine de Pierrepont et al. Academia Bruylant, Louvain-la-Neuve (Belgique), collection Famille, couple, sexualité, numéro 33, dans lequel vous trouverez peut-être des réponses à votre questionnement.
D. Goblet ajoute :
On peut dire qu’il existe davantage de couple « mixtes » (valide/handi) que de couples « pairs » (handi/handi).
D. Woué propose :
Au département de psychologie de la Faculté de médecine de l’Université de Namur, le centre handicap et santé a développé un outil concernant la vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes blessées médullaires. Cet outil est constitué de témoignages, dont certains de couples mixtes valide/invalide qui expliquent leur vécu. Vous pouvez trouver tous les renseignements pour vous le procurer via le site de Handicap et Santé . Ça peut être une piste intéressante pour vous.
Cordialement