Formation d’assistant sexuel: pourquoi?

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La question :

Suite à une discussion avec une collègue sur l’assistance sexuelle, on m’informe que certain(e)s assistant(s) sexuel(le)s sont des professionnelles (médecins, kinésithérapeutes, psychologues…). Si tel est le cas, je me demande ce qui motive une personne au delà de sa profession initiale à exercer comme assistante sexuelle ? Est-ce justifié par un sentiment social ou afin de compléter ses revenus…N’y-a-t-il rien de « malsain » ? De plus, je m’interroge quant à la motivation d’assistantes sexuelles qui exerçaient au préalable comme « prostituées » et qui se tournent vers l’assistance sexuelle, est-ce également par conviction sociale ?

  1. Bonjour,

    Ces questions sont assez complexes et imbriquées les unes dans les autres. Les raisons qui peuvent motiver une personne à exercer le métier d’assistant(e) sexuel(le) sont diverses et peuvent varier selon les personnes. En lisant des témoignages, on peut se rendre compte que ces motivations sont souvent induites par l’histoire personnelle. Les personnes qui travaillent auprès du public handicapé, d’aide à la personne ont été souvent confrontées à des questions touchant la sexualité et ce fût alors pour elles le point de départ d’un questionnement, d’un cheminement. Cela demande d’avoir tout d’abord une attitude claire envers sa propre sexualité, sans cela il ne sera pas possible d’apporter des réponses appropriées aux demandes qui seront formulées. Cet accompagnement intime prend tout son sens dans le cadre d’une éthique de la responsabilité. La personne en situation de handicap exprime sa demande, ses désirs, ses peurs, ses attentes à plus long terme; l’assitant(e) dit ce qu’il (elle) peut offrir et énonce ses propres limites: la rencontre se réalise sur la base de ce respect réciproque.

    Voici un extrait d’un témoignage d’une assistante sexuelle où elle parle de ses motivations: « Dans notre société, il y a beaucoup de craintes et d’isolement et très peu d’ouverture à l’amour. Mon travail d’assistante sexuelle me permet de rencontrer les personnes de façon directe. Les masques tombent. Les gens avec qui je travaille m’apportent beaucoup: ils me permettent de percevoir la vulnérabilité comme un trésor, et pas comme quelque chose de menaçant. Je suis quelqu’un de très curieuse et j’aime faire de nouvelles expériences. C’est très utile lorsque l’on fait preuve de timidité, car sinon on a davantage de difficultés dans ce travail. Le plus important pour moi était de comprendre qu’en travaillant avec des personnes ayant un handicap, je découvrais que nos avions tous un ou plusieurs handicaps, plus ou moins visibles. J’ai dû accepter les miens et même apprendre à les aimer. On peut assimiler ce travail à de la prostitution mais ce qui est derrière est très différent. Notre travail est plus authentique. Nous rencontrons les personnes dans leur totalité. En général, pour la prostitution, le temps c’est de l’argent. Nous, nous prenons le temps avec la personne. »

    Aussi, je vous propose de contacter la Coordination Handicap et Autonomie qui pourront sans doute vous aider dans votre questionnement ou bien encore l’Association Suisse Sexualité et handicap Pluriels – SEHP si vous désirez obtenir des réponses de personnes qui exercent la profession d’assistants sexuels.

    Bien à vous,
    Dominique Goblet

    Référence bibliographique utile: Je ne peux que vous recommander la lecture du livre « Handicap et sexualités » Le livre blanc, sous la direction de Marcel Nuss, Éditions Dunod, Paris, 2008.