Lésion cérébrale, amour et homosexualité

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La question :

Bonjour,
je m’appelle Sandra, et je suis tombée amoureuse il y a quelques mois de Michèle (en chaise avec une lésion cérébrale) ;  je me pose des questions quant à la possibilité de vivre avec elle ;
j’aurais voulu partager ou écouter des témoignages de couples valides/non valides mais je ne sais où m’adresser?  Pouvez-vous m’aider svp?
Merci d’avance et je vous envoie toute ma lumière.

  1. Chère Sandra,

    Je vous remercie pour votre question. Vous trouverez quelques éléments de réponse ainsi que deux témoignages qui pourraient vous aider à voir plus clair. Tout d’abord c’est une bonne nouvelle que de tomber amoureuse! Bien entendu je comprends les questions que vous vous posez sur la possibilité de vivre avec Michèle. Dans un premier temps, je dirais que c’est à vous deux – dans le dialogue – à évaluer la possibilité d’une vie à deux et de trouver la meilleure solution pour vivre cet amour et construire le projet d’une vie à deux. C’est ensemble qu’il faut petit à petit réfléchir à la faisabilité d’un tel projet. Vos désirs, ses désirs, vos projets, ses projets… Les côtés matériels sont à prendre en compte également, logement adapté, transport, travail, budget…

    Il existe assez peu de témoignages, mais en voici un d’un couple composé d’une personne valide, Séverine, et d’une personne en situation de handicap, Sabrina. (Roncier, Charles. (2003, Janv.). Homos Handicapés une minorité dans la minorité dans « Têtu » N°74, pp. 78).

    Sabrina, 21 ans, artiste, Versailles.

    J’ai eu un accident de scooter il y a deux ans. Je suis paraplégique incomplète, ce qui veut dire que je peux marcher un peu. Je sortais déjà avec des filles avant mon accident, et je continue de le faire. Comme je connaissais déjà le milieu, je n’ai pas eu peur d’y retourner. Je trouve que le regard des gens a changé, mais il exprime beaucoup de sympathie. On me demande souvent ce qui m’est arrivé, si je marcherais de nouveau un jour, on m’encourage, on me dit que c’est bien de bouger, de sortir en boîte… C’est important de montrer que les handicapés peuvent faire les mêmes choses que les autres.

    J’ai rencontré Séverine au mois d’avril dernier. Mon handicap ne lui a pas posé problème. Je l’ai emmenée à la Marche des fiertés. Ça s’est très bien passé. Je me suis accrochée aux chars, c’était vraiment sympa. Séverine et moi allons souvent à Paris. Heureusement qu’elle a de la force, parce qu’entre le métro, le RER et les voitures mal garées… Mais on se débrouille, on y arrive. Rien n’est adapté aux handicapés. En boîte, par exemple, les toilettes ne sont pas accessibles. Je ne fréquente plus les bars que j’aimais, car ils ne sont pas accessibles. Je compte m’installer à Paris, parce qu’il y a quand même plein de trucs à faire là-bas. Versailles, c’est l’enfer: tout ferme à 21 heures. Avant, je pleurais davantage sur mon sort. Depuis quelque temps, j’ai envie de vivre à fond, de m’amuser, de profiter de la vie tant que je le peux. Et je veux vraiment que les gens comprennent que je suis comme tout le monde.

    Séverine, 23 ans, intermittente du spectacle, (compagne valide de Sabrina).

    Quand j’ai rencontré Sabrina, je ne pensais pas qu’elle était aussi active. Ça m’a beaucoup impressionnée. Malheureusement, je trouve que, parfois, les gens expriment beaucoup de pitié. Je voudrais que les mentalités changent, par rapport aux handicaps comme par rapport à l’homosexualité. Je n’ai jamais vu quelqu’un qui a un caractère aussi fort que Sabrina. Au Pulp, quand elle est la seule à danser au milieu de la piste, c’est grandiose.

    En voici un autre d’une femme, lesbienne et en situation de handicap qui a rencontré une femme valide. (Riedmatten, Raphaël. (1998, Janv.). Femme, lesbienne et handicapée, dans In Forum, Pro Infirmis, pp. 24-26).

    Femme, lesbienne et handicapée. N’avez-vous pas parfois le sentiment d’être triplement discriminée? : Je donne l’impression que tout va pour le mieux, mais il y a des jours où je suis triste, déprimée, furieuse. Dans ces moments-là, je me dis: « Je suis femme, lesbienne, et handicapée! J’ai tout pour ne pas plaire dans notre société ». Heureusement, je peux le dire avec humour.

    Quelle place occupe le handicap dans votre vie affective et sexuelle? Je n’ai pas de problème particulier dans ma relation. Il y a des différences, mais elles ne sont pas liées au handicap. On a une vie sexuelle très épanouie, on s’amuse beaucoup. Si l’on ne peut pas faire l’une ou l’autre position, il faut avoir de la fantaisie. La sexualité se passe avant tout dans la tête.

    Comment votre partenaire vit-elle votre différence? Je lui ai posé la question. Elle a répondu par écrit: « pour moi, il n’y a pas de différence entre une femme handicapée et non handicapée. Nous avons toutes, handicapées ou non, nos coins d’ombres. Les problèmes commencent lorsque la société pose un regard sentencieux sur la différence et l’anormalité, et ne veut pas accepter le handicap. Ces problèmes résultent souvent de la manière de penser de la majorité ‘normale’, qui domine le contexte socio-politique actuel. Au niveau sexuel, pourquoi cela devrait-il être différent? Pour les loisirs, je n’aime pas beaucoup bouger, mais si j’avais une soudaine envie de faire du sport, je pense que nous trouverions une solution satisfaisante pour les deux ». Avec une femme, la relation est beaucoup plus calme, plus douce. Nous avons plus d’égards l’une envers l’autre. Il n’y a pas un qui a, soudain, une envie folle de se libérer d’un trop plein. J’avais toujours un peu honte d’être nue devant un homme. Je me sentais diminuée. Je pensais que ma démarche n’était pas belle à voir. Le regard des femmes est différent, je n’ai plus ce problème.

    Il existe également des forums ou sites où il possible de poser des questions et de trouver des témoignages:
    Site web de et-alors
    Site web de Handigay

    Meilleures salutations,
    Dominique Goblet